Par une
brèche dans un mur, plusieurs centaines de personnes
pénètrent dans le "Jardin". Ils explorent ce vaste territoire
interdit, constitué d’une succession de paysages artificiels animés de
mouvements automatisés. Voilà pour le sujet de cet étrange ouvrage de
Yûichi Yokoyama.
En pénétrant dans ce jardin, cette foule compacte quitte la scène et passe dans les coulisses. Ce jardin a-t-il jamais été public ? Le
premier phylactère le suggère. Pourtant, il semble inachevé et cette
foule n'y a jamais pénétré. L'aubaine est trop tentante. S'en suit une exploration menée au pas de course, la foule restant bizzarement groupée, ne s'arrêtant que rarement pour observer telle ou telle "attraction", mais s'en détournant vite.
Yûichi Yokoyama en dédicace |
cliquez pour une version plus grande |
Le Jardin, à
l'instar de la foule qui l'explore, représente plus l'idée d'un jardin qu'un
jardin à proprement parler. On n'y retrouve guère de plantes, mais plutôt une
collection d'artefacts, d'erzats, de trompe-l'oeil... deux carcasses de voiture
collées l'une à l'autre comme des pots de fleur. Des cabines d'avion plantées
verticalement, de fausses maisons en tous genres, des rivières de balles...
Tout défie la logique, sans que cela n'étonne outre mesure la foule. Seule
compte l'exploration, qui ne manque pas de danger. Et pourtant, aucune trace de
peur, malgré les prouesses qu'elle doit réaliser pour avancer. Elle ne
s'inquiète que de rares gardiens qui patrouillent dans les allées du jardin.
Jusqu'à
présent, les livres de Yokoyama (citons Travaux Publics et Voyage)ne comportaient aucun dialogue. Ils n'étaient
pas muets pour autant, des sons étant intégrés à son dessin, symbolisés par des
idéogrammes se traduisant par des onomatopées. Etant intraduisibles par nature,
l'adaptation française n'a pu, pour éviter de dénaturer le dessin, que les
"sous-titrer" discrètement. Il s'agit de la moins mauvaise solution,
même si cela se fait au détriment d'une partie de la force d'évocation de
l'ensemble.
de la difficulté de traduire les idéogrammes |
Pour la
première fois, la parole fait son apparition dans cet ouvrage. Mais les
dialogues gardent une froideur mécanique, plus de l'ordre de l'énoncé
d'information que d'une forme de communication. Les interactions verbales
demeurent rares et sont généralement purement factuelles. Elles ne s'accompagnent
jamais d'une véritable interaction entre les personnages.
En lisant ce
livre, il est difficile de ne pas regretter que Yokoyama soit limité par le
carcan du support papier. A l'heure où la bande dessinée sur support numérique
tente de se développer, le plus souvent ne permettant que de scroller ou zoomer
dans du IR$ sur son iPhone, "Jardin" présente plusieurs de
possibilités d'interactivité.
Par exemple, un support multimédia pourrait tirer parti de l'intégration intime des idéogrammes servant de bruitage dans le dessin. Des sons pourraient être activés au moyen du curseur de la souris. De même, la progression de le foule suit un mode purement aléatoire, autrement dit nous sommes soumis au bon vouloir de l'auteur, auquel l'interactivité pourrait substituer celle du lecteur. Enfin, 4 "développements" sont repris en fin de volume. A certain moment, des scènes sont continuées hors de la ligne narrative principale. Ces développements pourraient être accédés à la manière de "niveaux cachés". Autant d'éléments qui démontrent la singularité de cette oeuvre, surtout de la part d'un auteur qui prétend ne pas posséder d'ordinateur.
Par exemple, un support multimédia pourrait tirer parti de l'intégration intime des idéogrammes servant de bruitage dans le dessin. Des sons pourraient être activés au moyen du curseur de la souris. De même, la progression de le foule suit un mode purement aléatoire, autrement dit nous sommes soumis au bon vouloir de l'auteur, auquel l'interactivité pourrait substituer celle du lecteur. Enfin, 4 "développements" sont repris en fin de volume. A certain moment, des scènes sont continuées hors de la ligne narrative principale. Ces développements pourraient être accédés à la manière de "niveaux cachés". Autant d'éléments qui démontrent la singularité de cette oeuvre, surtout de la part d'un auteur qui prétend ne pas posséder d'ordinateur.
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