vendredi 20 novembre 2020

2020 en quelques titres (avec de beaux restes de 2019 )

En 2018, je me rendais déjà que ce blog était laissé à l'abandon. Me refusant à le laisser mourir, je m'étais fendu alors d'un post "de saison" reprenant une sélection de livres "de l'année", qui me semblaient mériter d'être mis en avant. Depuis, ce fut le calme (presque) plat et je ne pris même pas la peine de composer une liste similaire pour 2019. Manque de temps, d'envie et l'impression de ne pas avoir lu suffisamment de titres marquants pour me motiver.
Ayant rejoint les chroniqueurs de BDGest, j'au également moins de temps à consacrer à l'animation de ce blog. Pourtant, parfois, il me revient l'envie de l'alimenter. Le marronnier de la liste de de l'année, exercice futile et inutile s'il en est, représente une opportunité parfaite de l'exhumer des limbes. Et, en forme de repentir, d'inclure quelques titres de 2019.
Pour une période de près de 24 mois, impossible de se limiter à un top 10 ou 11... voici donc un top libre, sans ordre particulier. Pour certains titres, j'ai ajouté le lien vers les chroniques que j'ai publiées sur BDGest.


Paracuellos  - Intégrale 2 : Second volume de l'intégrale de la fresque partiellement autobiographique de Carlos Giménez. Ce volume reprend les 2 ouvrages tardifs réalisés par l'auteur. C'est toujours aussi beau, humain, touchant, drôle, révoltant... un indispensable, que j'ai chroniqué ici 


In Waves : un premier roman graphique qui mélange histoire du surf et récit intime qui fut l'une des surprises de 2019.


Mauretania, un traversée : une série fantômatique exhumée par Seth, particulièrement entêtante et hypnotique, dont j'ai parlé ici.


Nagasaki : adaptation d'un roman d'Eric Faye, lui même inspiré d'un fait divers, une étrange histoire d'une presque rencontre, et la découverte d'une autrice à suivre : Agnès Hostache.


Acte de Dieu : aboubé par Gipi comme l'un des meilleurs auteurs italiens, Giacomo Nanni relate comment un tremblement de terre affecte différents lieux et personnes. Un récit choral original et assez déroutant dans sa narration.



Black-Out : biographie fictive d'un acteur métis, effacé de l'histoire officielle, mais surtout un prétexte pour montrer les coulisses de l'usine à rêves. Un ouvrage passionnant !



Un monde terrible et beau : très beau portrait d'une femme engagée et révoltée. Un livre qui confirme tout le bien que je pensais d'Eleanor Davis, au vu des pages publiée dans Pandora.



Swamp Thing - American Gothic : lu dans le cadre de l'anthologie consacrée au run d'Alan Moore sur la création de Len Wein et Bernie Wrightson. Le tome 2 de cette anthologie couvre l'ensemble de cet arc qui frappe, près de 40 ans après sa création, par sa modernité. Il ne faut pas être spécialiste en comics pour l'apprécier.


Incroyable : une jolie histoire imaginée par Vicent Zabus et Hyppolite (également auteurs de l'excellent Les Ombres, réédité cette année). Fantaisie tragique, à la fois légère et sombre.


L'éveil : du même Vincent Zabus, l'histoire d'un hypocondriaque embarqué dans la traque d'un monstre qui menace Bruxelles. Encore une fois, une histoire joyeuse et originale qui nous emmène là où on ne l'attend pas.


Peau d'homme : pour ce dernier album scénarisé par le regretté Hubert, une fantaisie érotique qui questionne l'amour et le genre tout en se moquant de l'hypocrisie puritaine. Depuis quelques jours, il collectionne les distinctions : le Prix Wolinski du Point, le Prix RTL, le Prix Landerneau, le Grand Prix ACBD. Cette belle unanimité est sans doute excessive.


Sengo #1-4 : dans le Tokyo d'après guère, deux soldats démobilisés se débrouillent pour survivre. Un manga réaliste, presque naturaliste, d'une force et d'une humanité incroyable. C'est pour moi le meilleur manga depuis Chiisakobé.


Gideon Falls #1-4 : Jeff Lemire et Andrea Sorrentino assument complètement l'influence de Twin peaks pour cette série horrifique particulièrement réussie. La combinaison d'un scénario intrigant et mise en page inventive contribue à créer une ambiance poisseuse et malaisante. Du mauvais genre très recommendable


Les poupées sanglantes : une adaptation enlevée de Gaston Leroux, drôle et déjantée.



Transperceneige : Extinctions Acte 2 : Rochette continue de suivre le train aux 1001 wagons imaginé par Jacques Lob. Et cette fable dystopique reste terriblement d'actualité.


Le loup : et lorsque Rochette se laisse inspirer par sa Savoie natale et le massif des Ecrins, cela donne cette magnifique histoire d'un affrontement entre un loup et un berger.




Révolution : la surprise angoumoisine de 2019, qui a distingué cette relecture de la Révolution Française, préférant suivre les hommes et femmes du peuple plutôt que les salons et les nobles. Et les enjeux n'en paraissent que plus contemporains.


L'été à Kingdom Fields : une histoire sans histoire simple et juste, qui se ressent plus qu'elle ne se lit


Aldobrando : un scénario de Gipi pour un récit initiatique et picaresque très plaisant, à défaut d'être inoubliable.


Moments extraordinaire sous faux applaudissements : s'il ne faut retenir qu'un Gipi en 2020, ce sera plutôt celui-ci.


Penss, ou les replis du monde : ou comment l'humanité est passé de chasseur-cueilleur à agriculteur... Jérémie Moreau continue de convaincre.


L'accident de chasse : un des meilleurs albums de 2020, tout simplement. Une magnifique histoire de rédemption et une ode au pouvoir de la littérature.


Rusty Brown : Chris Ware... que dire de plus ? 


Nous étions les ennemis : où comment un pays a subitement décidé qu'une partie de sa population représentait un danger pour sa sécurité. En plus de l'intérêt historique, cette évocation rappelle que l'histoire n'a de sens que si on apprend de ses erreurs.


Carbone et Silicium : un fable transhumanise sur 2 AI qui observe l'humanité sur une période de 250 années. Mathieu Bablet confirme, après Shangri-La, qu'il est un auteur qui compte


Je suis au pays avec ma mère : le désarroi d'un mineur sans-papier abordé par le biais des rêves qu'il raconte à la psychiatre qui le suit dans sa procédure. Le sujet me touche plus particulièrement et ce livre est vraiment éclairant et juste.



Préférence système : Ugo Bienvenu s'impose également comme l'un des auteurs qui compte. Dans ce récit d'anticipation, il s'interroge sur la préservation de la mémoire humaine. Malgré une coinclusion un peu plus faible, cela reste un excellent titre.



Dédales : Charles Burns... que dire de plus ? Premier tome d'une nouvelle trilogie, il ne s'agit que d'une mise en place, mais elle est de toute (sombre) beauté.



Le dieu vagabond : un faune déchu se  lance dans une quête magique pour recouvrer sa nature divine. Il y a une toiuche de folie fellinienne dans ces pages.


Soon : Dans un monde post-catastrophe, la relation compliquée d'une mère qui s'apprête à prendre la tête d'une mission d'exploration spatiale, et son fils qui refuse de la voir partir. Mélant prospective sur la manière dont notre monde pourrait s'effondrer puis se reconstruire et dimension intime, un livre dense et riche


Les jardins de Babylone : pour être complètement honnête, je ne l'ai pas encore lu au moment où j'écris ces lignes, mais Nicolas Presl ne m'a jamais déçu. Son livre le moins abouti est pour est Le fils de L'ours-père, mais il s'agissait de son premier livre, dans un premier temps refusé avant d'être récupéré par The Hoochie-Poochie. C'est donc une sélection de confiance, à laquelle je pourrai sans doute ajouter L'âge d'or, qui attend également d'être lu.

[Edit] cette fois, je peux confirmer que ce livre n'a pas volé sa place dans cete liste, il est très bon. Par contre, la déception a été au rendez-vous pour la conclusion de L'Âge d'Or. Si la virtuosité de Pedrosa demeure un régal pour les yeux, le scénario est bien trop dilué et linéaire pour souffrir la comparaison avec le tome 1. Beau livre d'images, mais sans plus.



Les Frères Rubinstein #1-2 : et en ajout de dernière minute, cette nouvelle série de Luc Brunschwig, Etienne Le Roux et Loïc Chevallier s'est révélée une belle surprise de cette fin d'année. Un récit romanesque et populaire qui s'attache à deux frères emportés par la folie qui s'est emparé du monde des années 30.



Et un ultime ajout de dernière, dernière minute : 



Les Belles Personnes : un livre très joli de Chloé Cruchaudet, victime de la crise du Covid, annoncé, reporté, sorti en catimini et sans doute mort-né. C'est regrettable parce que cet album méritait mieux. Il est né comme un projet participatif, visant à mettre à l'honneur de "belles personnes". Des anonymes ont été invité à présenter des personnes de leur antourage qu'elles trouvaient méritantes. Que ce soit une vieille dame un peu sorcière qui règne sur son jardin, un retraité croisé à un arrêt de bus, un pompiste, une amie proche, voire un chien... Tous, à leur manière, incarne une forme de tendresse. L'autrice a sélectionné les portraits qui la touchaient le plus et les a adapté en bande dessinée, adaptant son style à chaque chapitre. Le résultat est forcément incohérent, inégal et parfois bancal. Mais il respire une belle sincérité et beaucoup d'émotions. Puis, par les temps qui courent, voilà le genre de lecture qui fait du bien. 

Je n'ai plus grand chose en attente, donc je ne m'attends plus à ce que cette liste évolue, mais sait-on jamais.