Sur l'étoile est au départ un travail de commande pour la promotion des usines Citroën, d'où le titre original complet, Sur l'étoile, une croisière Citroën, avant de devenir le premier volume des Mondes d'Edena.
Réalisé au début des années 80, j'avais le souvenir de l'avoir découvert en intégralité dans un journal de Spirou chez mes grands-parents. Avec le recul, cela me semblait tellement "déplacé" que je doutai même de ce souvenir. Moebius dans Spirou ? Mais une recherche sur Google m'a confirmé que ce fut bel et bien le cas, dans le numéro 2436, spécial Noël
L'expérience fut étrange pour un môme de même pas 11 ans. Je découvrais quelque chose de complètement différent, inattendu, surprenant et étrangement entêtant. Je ne peux pas parler de choc à proprement parler, mais plutôt d'une impression qui s'installe et ne s'efface jamais vraiment. Quelques cases qui restèrent gravées dans mon inconscient. Cette vieille traction en plein désert, les têtes de Stel et Atan émergeant du vaisseau, le décollage dans les dernières pages...
Et quand, des années plus tard, alors que ma connaissance de la bande dessinée avait grandi, que je sus qui était Moebius, j'ai retrouvé cet album, j'ai craint d'être déçu. Les madeleines ont tendance à sécher et se racornir.
Mais la magie a opéré de nouveau. Je ne peux m'empêcher de trouver quelque chose de miraculeux dans cette histoire, même si je n'ai jamais réussi à m'intéresser aux "Monde d'Edena" par la suite. Pour moi, Sur l'étoile reste une histoire complète, envoûtante et mystérieuse... Un livre fondateur dans ma découverte de la bande dessinée et sans doute un des mes livres préférés de Moebius, qui m'aura aspiré dans le monde de la bande dessinée.
Et quand, des années plus tard, alors que ma connaissance de la bande dessinée avait grandi, que je sus qui était Moebius, j'ai retrouvé cet album, j'ai craint d'être déçu. Les madeleines ont tendance à sécher et se racornir.
Mais la magie a opéré de nouveau. Je ne peux m'empêcher de trouver quelque chose de miraculeux dans cette histoire, même si je n'ai jamais réussi à m'intéresser aux "Monde d'Edena" par la suite. Pour moi, Sur l'étoile reste une histoire complète, envoûtante et mystérieuse... Un livre fondateur dans ma découverte de la bande dessinée et sans doute un des mes livres préférés de Moebius, qui m'aura aspiré dans le monde de la bande dessinée.
Bon début, bon début ! Espérons que ce blog "ne t'emmerde pas" trop vite ! ;)
RépondreSupprimerJ'ai moi aussi découvert cette bande dans Spirou. Et j'ai aussi ressenti cette "impression qui s'installe et ne s'efface jamais vraiment",ces "cases qui restèrent gravées dans mon inconscient".
RépondreSupprimerCela dit, magré ces bonnes impressions, je ne me suis jamais vraiment lancé dans l'univers de Moebius. A part L'Incal, dont les 6 tomes m'ont transporté, et un dessin animé sous-estimé par son auteur même, Les Maîtres du Temps, dont je garde un très bon souvenir (j'avais dû voir ce truc aux alentours d'un Noël quelconque à la téloche... Un bon souvenir, oui...)
Ah oui, les Maîtres du Temps de René Laloux. je me rappelle très bien. J'avais même acheté en occase la bande dessinée tirée du film.
RépondreSupprimerIl y a quand même une histoire courte muette des mêmes dans le même esprit qui s'appelle "la planète Encore" et que l'on retrouve dans un album du cycle. Elle a été publiée en supplément détachable dans A Suivre et on pouvait voir une version animée à l'expo Cartier.
RépondreSupprimerPlus généralement, à propos de la BD qui emmerde, c'est à mon avis, vrai et faux. Vrai parce qu'elle a perdu une innocence et, surtout, les auteurs sont rarement réellement inventifs (je ne parle pas des intellos-branchouilles qui, pour beaucoup, transposent des problématiques artistiques venant d'autres horizons à la BD). La BD a attiré des gens inventifs à une époque où elle oscillait entre innocence et passage à l'âge adulte. Une fois que le passage a été consommé, c'est devenu plus compliqué - surtout qu'elle a fini par être concurrencée par d'autres médias ce qui a accentuée par réflexe un renfermement.
Pour ce qui est de l'enchantement, je conseille quand même Cité 14, Beauté ou Le Mur de Pan.
Et en tant qu'auteur, je me dis que la seule façon de ne pas être chagrin, c'est encore d'essayer de faire la BD qu'on aimerait lire même si ce n'est pas facile. En tant qu'éditeur et auteur, Menu est donc un peu gonflé: il possède toutes les clefs pour réenchanter la BD... même si ça peut signifier vivre de très peu.
Bonjour Li-An,
SupprimerComme je l’ai écrit en introduction, c’est la relecture de ”Plates-Bandes” qui m’a donné l’impulsion de lancer ce blog. J’en caressais l’idée depuis longtemps (j’écume les forum BD depuis plus de 10 ans et nous nous sommes croisés quelques fois), mais je ne trouvais pas de fil conducteur… Faire un blog pour me borner à parler des livres que je venais de lire me semblait sans grand intérêt parce que cela n’aurait pas été fort différent que de poster ses avis sur bulle d’air ou bdgest. Les citations de Pajak et Charb m’ont donné la clé, parce qu’elles résument la frustration grandissante que la bande dessinée m’a inspiré ces dernières années. Ma relation à la bande dessinée est devenue ambivalente, et j’ai voulu m’interroger sur les raisons de cette évolution. Le titre du blog est un peu provocateur, mais si la bande dessinée m’emmerdait tant que cela, je ne passerai pas une partie de mon temps libre à alimenter ce blog. Tout au fond de moi, je l’aime encore un peu. Même beaucoup. Disons que c'est la bande dessinée comme "institution", ou microcosme pour reprendre l'expression de Menu, qui m'emmerde. C'est pourquoi je n'aime pas l'étiquette de "bédéphile", qui m'a toujours semblé trop généraliste et dans l'esprit général, plus liée à la quantité qu'à la qualité.
Je pense que la bande dessinée a un temps été le refuge de beaucoup d’esprits inventifs qui ont profité d’un territoire vierge, qui leur a offert un terrain de jeu illimité. Mais au fil des années, la bande dessinée s’est structurée et s’est bridée en passant du monde des ‘petits mickeys’ à celui secteur de l’édition qui brasse des millions d’euros. Elle a perdu de son innocence, comme tu le dis, pendant que d’autres terrains de jeu se sont ouverts pour les esprits inventifs. Mais ces autres terrains de jeu se tariront aussi sans doute un jour et peut-être la bande dessinée attirera de nouveau ces esprits inventifs. Des auteurs que j’apprécie comme Bézian ou Stéphane Levallois sont revenus à la bande dessinée après quelques années passées dans l’animation ou le jeu vidéo. Philippe Mouchel n’est pas (encore ?) revenu (j’ai lu son “Mur de Pan” il y a quelques années, mais je n’ai pas vraiment accroché).
Parmi les “jeunes” auteurs, j’apprécie La Grenouille Noire, qui a retrouvé une certaine fraîcheur, justement. Je lui consacrerai sans doute une note parce que j’aime vraiment ces carnets.
Concernant Menu, je n’en suis pas un partisan absolu. Pour moi, il ne représente qu’une opinion parmi d’autres, même si je ne peux pas nier que je rejoins plusieurs de ses opinions sur la bande dessinée actuelle. J’ai aussi été surpris en relisant “Plates-Bandes” de constater à quel point son contenu a été partiellement tronqué et déformé. Il est loin d’être aussi catégorique qu’on ne le prétend souvent. Mais l’outrance dont il est coutumier et quelques emportements mal placés ont facilité la déformation de son propos. Il a clairement taillé les verges pour se faire battre (sans parler du psychodrame de la grève de l'Association... que j'ai suivi de trop loin pour m'autoriser un avis, si ce n'est qu'en général, ce fut un beau gachis). A-t-il les moyens de ré-enchanter la bande dessinée ? Oui, sans doute, et je pense qu’à son niveau, il l’a fait en éditant quelques très beaux livres (ces dernières années, je pense au Pralong, auquel j'ai consacré une note ou à L de Benoit Jacques). J’attends aussi de voir ce que sera son ‘Apocalypse’. Mais il se réclame clairement de la bande dessinée alternative (comme il le définit dans Plates-Bandes). Il n’a jamais eu la vocation de ré-enchanter la bande dessinée franco-belge “mainstream”.
En même temps, qu'est-ce que la BD "alternative" si ce n'est une tentative de réenchantement loin des obligations de vente ?
RépondreSupprimerLa BD a aussi un aspect qui n'est pas souvent pris en compte: elle appartient en grande partie à l'enfance et devenir grand en gardant le plaisir lié à la lecture de ce genre est compliqué. D'un point de vue de spectateur, je suis obligé de te donner raison mais, en même temps, je me rends compte à quel point ce désenchantement est dû aux auteurs eux-mêmes. L'Assoce avait réussi à réintroduire quelque chose et, paradoxalement, accéléré le désenchantement global en décomplexant les grands éditeurs - sans compter leur parcours artistique. Je pense d'ailleurs que la mort de Moebius a pris autant d'importance parce qu'il représentait quelque chose de très fragile qui a été sous-estimé: la liberté en BD n'est pas facile à gagner et très facile à perdre - mais on peut dire la même chose du cinéma.
La bande dessinée mainstream ne pourrait pas se réenchanter par elle-même ? Je relisais hier un extrait de la monographie d'Andreas qui déclare aimer les contraintes car elles le poussent à se dépasser. De ce dépassement peut naître le réenchantement.
RépondreSupprimerJe suis toujouys partagé sur l'argument de la bande dessinée qui appartient en grande partie à l'enfance.
D'un côté, il est évident que notre enfance est parcourue de bandes dessinées. Mais, finalement, depuis que je suis gosse, je lisais des romans, que ce soit Enid Blyton, Bob Morane et plein d'autres choses. A ce titre, la littérature (ne chipotons pas sur ce qui est littérature et ne l'est pas, nous n'en sortirions pas... j'entends les récits en proses) fait aussi partie intégrante de notre enfance.
La différence est qu'en grandissant, le plaisir de lecture change.
La bande dessinée, en tout cas dans sa composante mainstream, a longtemps été associée à la presse pour la jeunesse. Elle était capable de produire des livres qui visaient à une certaine universalité (Windsor McKay peut enchanter les enfants et les adultes, comme Hergé ou Franquin pour en revenir aux fondamentaux). Elle était sans doute un peu trop lisse pour être considérée comme "adulte" mais on ne pouvait pas la qualifier d'enfantine. On parlait de 'tout public'.
A mon sens, quand la bande dessinée a voulu passer à l'âge adulte, elle s'est en partie perdue dans l'idée que pour devenir adulte, elle devait avant tout introduire des ingrédients qui ne conviennent pas aux enfants. Les femmes à poil en tête. Comme si ces artifices suffisaient. Du sexe, du sang et basta. C'est confondre la bande dessinée adulte et la bande dessinée pour adulte.
L'alternative, celle proposée par l'association, mais aussi en son temps par (A Suivre) ou Futuropolis, c'est une bande dessinée qui se veut adulte par les thèmes qu'elle aborde, et la manière de les aborder. Le format franco-belge n'est pas en cause. Gaston est pour moi du même tonneau que Snoopy ou Calvin & Hobbes. Valérian, de la bonne SF franco-belge avec une bombe sexy, se pose en pionnier de la bande dessinée adulte, en osant s'attaquer dès les années 70 à l'égalité des sexes ou la spoliation des indigènes dans le cadre de la mondialisation. Je relisais dernièrement quelques vieux Jérémiah d'Hermann qui étaient quand même très percutants.
Dernièrement, les jolies ténèbres de Vehlmann, Pommepuy et Kerascoët, ou les derniers jours d'un immortel du même Vehlmann et Bonneval, représentent pour moi des réussites de ce point de vue.
La BD "jeunesse" a un gros avantage sur la littérature "jeunesse", c'est qu'elle se relit très facilement. C'est pour cela qu'on ne peut pas les mettre sur le même plan à mon avis. La littérature de l'enfance fait travailler sur le souvenir d'une chose passée alors que la BD se régénère à chaque lecture. Que la BD classique ait à se réenchanter, je suis entièrement d'accord avec ça mais ça passe par des choses peu maîtrisables comme la personnalité des auteurs. Il n'y a pas de mystère: l'importance de l'Association ne vient pas de sa structure mais de la qualité des auteurs qu'elle publiait. Sa structure n'a pas changé et pourtant elle a beaucoup de mal à garder la place qu'elle a acquise.
RépondreSupprimerJe suis tout à fait d'accord avec la notion de contrainte (même si Andréas n'est pas l'exemple le plus parlant) qui peut être aussi vu comme une direction/aide.
J'ai relu des Jeremiah moi aussi et j'avoue que ça ne me plaît pas autant qu'avant.
je découvre votre site. J'adore cet esprit "de chroniques aléatoires". Grâce à vous, je replonge dans ces mêmes émotions de relecture. Bonne continuation.
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