vendredi 13 avril 2012

XIII de van Hamme et Vance



Ma relation à la bande dessinée remonte, comme pour beaucoup, à l'enfance. Ayant une soeur aînée, il y avait déjà des bandes dessinées à la maison, essentiellement de l'école de Marcinelle (Natacha, Johan et Pirlouit, Spirou, Boule et Bill, Lucky Luke et beaucoup de Cauvin), ainsi que des Goscinny (Astérix et Iznogoud en tête) Chez mes grand-parents, il y avait presque tous les Tintin, les Jo et Zette, Quick & Flupke qui étaient passés dans les mains de mon père, de ses frères et soeurs après lui, puis dans celles de tous mes cousins et cousines.
Je me rappelle aussi d'un drôle de machin, signé Jean Yanne et Tito Topin: les Dossier du B.I.D.E., une bande dessinée complètement délirante et psychédélique qui m'attirait étrangement sans que je la comprenne vraiment. A dix ans, ce genre d'objet a de quoi dérouter. Il faudrait que je tente la relecture un de ces jours.

Mais plus que ces lectures, ce qui a forgé ma relation à la bande dessinée, ce sont quelques découvertes, souvent accidentelles, qui m'ont fait réaliser que la bande dessinée me parlait décidément beaucoup. Face à ces titres, je garde un certaine tendresse, voire une indulgence parfois coupable.
Le premier dont j'ai envie de parler, ce sera El Cascador, le tome 10 de la série XIII, paru en 1994.
A sa sortie, je dus me rendre à l'évidence, j'étais devenu accroc à la BD !
Alors étudiant, il m'arrivait souvent de brosser les cours et de me rendre à la bibliothèque du campus, un peu pour bosser, mais aussi pour dévorer les bandes dessinées qu'on y trouvait. Parmi celles-ci, plusieurs XIII (de mémoire, il manquait les tomes 6 et 7, sur les parents de XIII) que je dévorai. A tel point que je m'offris la série complète, qui s'arrêtait alors au tome 9, "Pour Maria".
Puis vint l'annonce de la publication d'El Cascador, qui devait terminer le cycle costa-verdien. Pour la première fois, je ressentais l'impatience de découvrir la suite... XIII était-il Kelly Brian ? Comment se sortirait-il du mauvais pas dans lequel les auteurs l'avaient encore fourré ? Le jour de la sortie, je préférai brosser les premières heures de cours pour être dès l'ouverture à la librairie. J'y retrouvai d'ailleurs quelques condisciples, venus pour la même raison. J'étais accroc.
 


Avec le recul, je regrette d'avoir découvert XIII si tard. Je me rappelle avoir lu quelques pages de "toutes les larmes de l'Enfer" dans un Tintin. Il s'agissait du passage de l'évasion, quand le jeune Billy pête les plombs. Je les avais aimées, pour leur style réaliste auquel je n'étais pas habitué, mais n'avais alors pas poussé l'exploration plus loin. Je n'ai pas connu l'excitation de la découverte progressive de la conspiration des XX. De plus, le cycle costa-verdien entame le début de la lente dégringolade pour XIII, qui devint vite ennuyeuse et vieillotte.
Reste que le premier cycle que couvrent les 8 premiers tomes reste un excellent moment de lecture. On a beaucoup reproché à Jean van Hamme de s'être trop inspiré des romans de Robert Ludlum (en tête "la mémoire dans la peau"), mais cet emprunt n'est finalement pas gênant et relève plus de l'hommage. L'intrigue générale mérite d'être évaluée dans son ensemble, sans se focaliser sur cet aspect. Les auteurs s'amusent à revisiter l'histoire contemporaine des USA en partant de l'assassinat de JFK. Le clan Sheridan est directement inspiré de celui des Kennedy, mais on trouve également des références implicites au Vietnam, à la chasse au sorcières et l'affaire Rosenberg, aux relations toubles entre économie et politique (je pense à la transposition de la United Fruits dans le cycle costa-verdien)



Evidemment, XIII n'a rien du chef d'oeuvre qu'on nous vend souvent. le scénario de van Hamme est ultra classique et ne manque ni de sexisme, ni de facilités. Quant au dessin de Vance, il reste un modèle de rigidité, mais Vance connaît ses limites et assure sa part de travail avec professionnalisme, à défaut de brio. Je dus me faire violence pour tenir jusque au "dernier round", ultime épisode avant que les auteurs ne passent la main à Sente et Jigounov. La série sentait déjà trop le réchauffé pour que j'ai envie de voir ce qu'un scénariste médiocre comme Sente en ferait. Pour moi, la série a perdu tout son intérêt après le tome 12, qui se trouve être  particulièrement mauvais, mais a le mérite de mettre un terme définitif à la conspiration des XX. Cela dit, le mieux est d'arrêter les frais au tome 8, "XIII contre I", qui apportait une conclusion plus que satisfaisante.



1 commentaire:

  1. Salut Thierry,

    Alors, tout comme toi, ma relation à la BD remonte à l’enfance. Mais, contrairement à toi, je suis l’aîné et je suis devenu accro à la BD dès que j’ai su lire. A 7 ans, j’ai entamé une collection des Aventures de Tintin (que je possède toujours, bien évidemment) qui m’ont irrémédiablement fait plonger dans cet univers en particulier et dans le 9ème art en général. Je remercie ici Hergé et ma grand-mère paternelle (et catholique) pour m’avoir fait goûter à ces premières joies essentielles.

    Contrairement à toi encore, j’ai vécu ce qui constitue un de tes grands regrets : avoir découvert XIII dès ses débuts en 1984 (dans le journal de Spirou, et non dans Tintin, comme tu l’écris dans ton texte). J’avais 13 ans. Avec mon frangin, on avait pris une petite claque et, du coup, on avait commencé la collec’. Comme toi, je conseille la lecture du premier cycle, jusqu’au tome 8 donc, même si j’estime qu’on peut s’arrêter au tome 5. Bon, j’ai continué à acheter les albums jusqu’au tome 15, mais le cœur n’y était plus. Je trouvais le reste inutile, que les auteurs tiraient inutilement sur la corde (oui, parce qu’à ce niveau, ça se voyait que ce n’était même plus des ficelles) pour faire de la thune. Service minimum. Sans intérêt. J’ai fini par refiler toute ma collec’ à ma frangine. Il est possible qu’elle l’alimente toujours…

    P.S. : oui, il faut que tu tentes la relecture des Dossiers du B.I.D.E. un de ces jours. J’ai acheté les deux volumes d’occase dans les années 90, à une époque où j’étais en recherche de BD psychédéliques. Ça se lit vraiment avec un grand plaisir. Qu’il est con, ce Jean Yanne.

    RépondreSupprimer