C'est chronique a été réalisée dans le cadre de l'opération "masse critique" de Babelio.
Thomas Gunzig, qui se définit lui-même comme un pessimiste qui aime la vie, fait partie de ces touche-à-tout qu'on croise régulièrement dans le monde culturel belge.
Thomas Gunzig, qui se définit lui-même comme un pessimiste qui aime la vie, fait partie de ces touche-à-tout qu'on croise régulièrement dans le monde culturel belge.

Son humour volontiers caustique conjugué à un certain esprit poétique ait souvent mouche.
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Kiss & Cry, la "nanodanse" corégraphiée Michèle-Anne De Mey |
Il faudra un concours de circonstances qui inclut une google-car, 90.425 likes, 80.763 partages et un journaliste de troisième zone pour que Charles, devenu adolescent, soit identifié et rapatrié. Tout cela est expédié en quelques pages. la Vie Sauvage n'est pas une relecture belge des aventures de Tarzan. Charles est un révélateur qui permet à Gunzig de s'attaquer à son sujet de prédilection: une critique de l'absurdité de notre monde moderne.

Enfin il y a l'école, toute en clichés.
Il y a les cools et les losers, la tyrannie des réseaux sociaux, les soirées semi-clandestines lorsque les parents sont absents...
Charles, tout auréolé de son histoire, est d'emblée adopté par les cools. Cette intégration découle toute autant de la bonne conscience, du parfum d'exotisme et de mystère que dégage Charles mais aussi du fait que Charles est mignon. Il se montre aussi étrangement mûr et cultivé. Il a en effet bénéficié de l'éducation stricte de son père adoptif, grand amateur de littérature, qu'il l'a initié à la poésie et à la philosophie.
Il ne faut pas chercher la vraisemblance à tout prix. Gunzig tisse une fable cynique et acide. Il introduit le ver dans le fruit et laisse transparaître la sauvagerie sous-jacente. Parce que la vie sauvage dont il est question dans le titre n'est pas nécessairement celle que l'on croit. Cela permet à Gunzig de composer quelques pages très drôle. Je pense par exemple à celles où Charles imagine la vie future et morne de Jessica, une de ses camarades de classe, où lorsqu'il dissèque la vie de sa tante, toute en superficialité. Il faut accepter au départ la facilité avec laquelle Charles s'intègre et sa maturité étonnante face à l'immaturité totale des autres personnages. Il faut accepter qu'il s'agit d'une satire acerbe et on peut dès lors se laisser porter. L'ironie mordante de Gunzig fait alors mouche. La sauvagerie feutrée des villas non-mitoyennes et des salles de classe apparaît clairement. Et ce pessimiste qui aime la vie qu'est Gunzig ose même une histoire d'amour et finit par exprimer ce qui ressemble à de l'optimisme et à une once d'espoir en ce qui concerne la jeunesse.