lundi 21 novembre 2016

Le Tribut (édition intégrale), de Rochette et Legrand





En 1995 paraît “L’or et L’esprit”, premier tome du “Tribut”, signé Jean-Marc Rochette et Benjamin Legrand, déjà associés sur le très intéressant Requiem Blanc. Je découvris cet album quelques années plus tard et tombai sous le charme de cette bande dessinée de science-fiction terriblement originale et réussie. J’y ai déjà consacré une note sur ce blog.
J’avais alors appris qu’un deuxième tome, L’aigle de Lafcadio, avait été prébublié dans le mensuel (A Suivre) mais n’avais jamais été repris en album, la série étant abandonnée suite à une decision de l’éditeur qui préférait que Rochette renoue avec un style plus humoristique. Le résultat Napoléon et Bonaparte, une série de gags qui fut publié dans les pages d’un (A suivre) plus que moribond.
Profitant de l’exposition médiatique due au Transperceneige, Cornélius annonça la publication d’une intégrale de cette série méconnue. Il fallut plus de 2 ans pour que cette intégrale, qui reprend dans une version recolorisée L’or et L’esprit, L’Aigle de Lafcadio ainsi qu’une conclusion inédite de 16 pages qui clot la série initialement prévue en 3 ou 4 tomes, arrive en librairie. Ce retard me fit craindre un moment que le projet ait été purement et simplement abandonné par Cornélius.
La version originale, trop sombre et parfois difficilement lisible

La version recolorisée, plus lisible
   
Je me suis plongé dans cette intégrale avec beaucoup de curiosité.
L'Or et L'Esprit fait partie pour moi des toutes grandes bandes dessinées des années 90. Si l'argument de départ semble d’abord évoquer La Guerre Éternelle, son traitement très original m'avait directement séduit. Il se dégageait une impression d'oppression permanente, de noirceur et de mystère rarement atteinte dans la bande dessinée. Même conscient qu’une suite avait été dessinée, je continuais de considérer L’Or et l’Esprit comme un one-shot qui s’achevait sur une conclusion en guise de point d'interrogation que j'aimais beaucoup.
Je dois reconnaître avoir toujours été sensible à ses conclusions forcées par la force des choses.
Quand une fin en points de suspension devient une fin définitive.
Juan Gaviero lâchant un mystérieux Il y aura d'autres éclipses






Et puis ?






Cette fin me convenait.





Il y aura d'autres éclipses.




Nous étions resté au bord de l'abîme.




Il me fallait maintenant sauter et découvrir ce que les auteurs avaient prévu.
Je dois reconnaître qu'en première lecture, j'ai détesté la suite.
En deuxième lecture, j'ai mieux apprécié cet Aigle de Lafcadio, qui nous emmène loin de Deux-Lunes.
De l'ambiance poisseuse du premier tome, tragédie en huis clos, nous passons à un récit de SF plus conventionnel, qui m'a directement évoqué JC Forest, entre Barbarella et les Naufragés du Temps. L'alchimie du premier tome ne fonctionne plus que ponctuellement. Je n'arrive pas à m'intéresser complètement à cette histoire, et arrivé à cet épilogue inédit qui, fatalement, tombe un peu à plat, je ne peux m'empêcher de regretter cette fin qui me semblait parfaite.



Il y aura d'autres éclipses...



J'aime les fins en point de suspension, celles qui laissent le mystère entier.
Tout ne doit pas être expliqué.
Tout ne doit pas finir.
Parfois, rester au bord de l'abîme, dans l'ignorance de ce qui vient après est la plus belle des conclusion pour une histoire.
Pour moi, il aurait pu, il aurait dû en être ainsi pour le Tribut.

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