Une fois n'est pas coutume, je me lance dans le post marronier de fin d'année: les livres de l'année.
Comme d'habitude, je n'ai pas lu beaucoup de bandes dessinée cette année et sans doute peu de bestsellers, hormis l'une ou l'autre madeleine que j'ai du mal à lâcher (à commencer par Thorgal, Walking Dead et dans un réflexe quasi morbide Largo Winch).
Il est donc évident que sur quelques milliers de sorties de l'année je n'en ai lu qu'une infime partie et que j'ai probablement raté quelques perles que je rattraperai au fur et à mesure des mois et années qui viennent. Les listes d'indispensables, palmarès et sélections en tous genres fleurissent en cette saison. Au lieu d'y voir autant de tentatives de constituer LA liste officielle et exhaustive de l'année écoulée, contentons nous d'y voir autant d'invitations à la découverte. La liste qui suit n'a pas d'autre prétention.






Il faut également noter que les auteurs ont composé leur livre à partir de photos qu'ils ont retravaillé pour leur donner un rendu très particulier, écrasant la profondeur de la photo pour se rapprocher d'un rendu "dessiné". Le résultat est esthétiquement superbe.

La terre des fils: Gipi fait partie des meilleurs auteurs actuels. Avec ce livre, il propose une fable post-apocalyptique entre La Route de Cormac McCarthy et Sa majesté des Mouches de William Golding. D'une écriture sèche et d'un graphisme très épuré, ce livre s'impose pour moi comme l'un des meilleurs livres de Gipi et l'un d'un meilleurs titres de cette année.



Levants: Nicolas Presl fait partie de mes auteurs préférés. Chaque livre est directement reconnaissable en raison de son style si particulier. Cela fait déjà 8 livres qu'il propose d'ambitieux récits muets. A la fin de chaque livre, je me demande comment il réussira à se réinventer pour sa création suivante. Il y arrive encore avec ce récit-gigogne qui, à travers la relation compliquée entre un marchand ambulant et une femme seule dans un pays arabe, il propose une réflexion poétique sur la condition de la femme à travers le destin de son héroïne, victime de la violence des hommes. Les images de Nicolas Presl sont belles et envoûtantes. Mais elles n'oublient pas de faire sens. Sous le symbolisme exotique, la réalité est décrite avec beaucoup d'acuité. Un grand livre de plus pour cet auteur.


Bitch Planet: un brulot féministe qui ne s'emarasse pas de nuances, mais pourquoi faudrait-il toujours prendre des gants ? Bitch Planet est une série rentre-dedans, qui emprunte beaucoup à la culture du cinéma d'exploitation (série Z, sous section prison de femmes), sans tomber dans la piège de la surenchère putassière. C'est trash, mais c'est bon.
Descender: Jeff Lemire (encore lui) cette fois aux commandes d'une série de SF très classique. Planètes exotiques, enfant-robot, chasseurs de prime, complot intergalactique... rien de neuf sous les étoiles. Et pourtant une vraie réussite du genre parce que le scénario de Jeff Lemire n'oublie as de proposer des personnages fouillés et attachants et parce que le dessin de Dustin NGuyen, aux antipodes des codes habituels de ce genre, fonctionne très bien.
