mardi 3 juillet 2012

L'or et l'esprit, tome 1 par Rochette et Legrand




Jean-Marc Rochette est un auteur protéiforme, qui a oeuvré aussi bien dans l'humour, entre autres avec Edmond le Cochon ou Jack Palmer avec Pétillon, que dans le réalisme. Dans cette veine, il a signé, sur des scénarios de Jacques Lob et Benjamin Legrand, quelques excellentes bandes dessinées de science fiction. Il est aussi actif dans l'illustration et et la peinture.
Sa bande dessinée la plus connue reste le Transperceneige, fable post-apocalyptique de Jacques Lob, seul scénariste primé à Angoulême. Mais il ne faut pas négliger ses collaborations avec Benjamin Legrand. Outre la suite du Transperceneige et Requiem Blanc, j'ai une affection particulière pour L'or et l'esprit.
La Terre s'épuise dans une guerre intergalactique qu'elle est en train de perdre. Loin des combats, un groupe de soldats et des scientifiques sont englués sur une planète particulièrement inhospitalière,
"Deux Lunes", à priori sans intérêt stratégique. Ils espèrent y découvrir une nouvelle source d'énergie qui pourrait leur permettre de reprendre l'avantage contre leurs adversaires. Ignorant la nature de ce qu'il cherchent, ils explorent à l'aveuglette, tentant d'établir le contact avec les indigènes. Mais ils sont prêts à tout, et plus encore pour arriver à leurs fins.
Marvano, la guerre éternelle,
une représentation SF 'classique'
L'argument est classique, mais la représentation de cet univers prend le contre-pied total de l'imagerie habituelle de la SF. Alors que nous sommes plus habitués à un dessin précis, rarement avare en détails, Rochette adopte un style quasi impressionniste rendu encore plus intrigant par le choix d'une palette monochromatique, au gré des saisons qui se succèdent sur ce monde étrange. A chaque saison, sa couleur, et son enfer. L'environnement n'en apparaît que plus inquiétant. Faune, flore et humains sont noyés dans un brouillard épais et une pluie persistante. Les arbres apparaissent comme des ombres menaçantes. Les animaux surgissent de nulle part... les soldats paraissent complètement déplacés dans un  monde qui n'est pas le leur. Leur présence semble même rendre ce monde complètement fou.
A l'inverse de la clarté de Marvano, l'impressionisme de Rochette

Pour accentuer cette opposition, les planches se déroulant dans le QG terrien, seul endroit à peu près sûr pour les humains, tranchent par un trait plus classique et une palette grisâtre et métallique, à l'opposé des teintes glauques et organiques des planches se déroulant à l'extérieur.


La grande originalité de cet album, vous l'aurez compris, est qu'il ne se contente pas d'utiliser le dessin pour une représentation purement descriptive des événements. Ses variations enrichissent le récits d'impressions et de sensations étonnantes, jusqu'à une conclusion surprenante, qui rappelle que Rochette est également peintre.
On pense à la Guerre éternelle de Marvano, d'après Joe Haldeman, mais il y a surtout un  univers complètement original qui augurait d'une série malheureusement mort-née. Un deuxième épisode est paru dans les pages d'(A Suivre) mais ne sera jamais repris en album. Ce Tribut peut malgré tout se lire de manière indépendante, malgré une conclusion abrupte.
La Viande, une peinture de Jean-Marc Rochette

3 commentaires:

  1. Marrant, je suis tombé sur l'album chez un bouquiniste peu après avoir lu ton article. Belle découverte en ce qui me concerne. Merci, donc !

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  2. Mais de rien, cela fait toujours plaisir de partager ses coups de coeur

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  3. oui c'est une pure merveille de celles que l'on trouvait dans " a suivre"
    grand merci Thierry pour ces 3 planches qui m ont permis (des années après !) de retrouver l'ambiance et la saveur de cette histoire magnifiquement servie par ce dessin parfois un peu flou
    c'est comme "blade runner" des années après les effets spéciaux et l'atmosphère visuelle de ce film sont toujours aussi forte !
    éric g

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