Eric Drooker fait partie de ces artistes rares, dont on ne peut que regretter qu'il ne bénéficie pas d'une plus grande reconnaissance. Héritier de Lynd Ward et de Frans Masereel, mais aussi influencé par Crumb et Eisner, Drooker est avant tout un illustrateur et affichiste, dont l'engagement politique transparait à chaque dessin.
sur le thème de la censure... |
Son "art insoumis" est superbement présenté dans Subversion , édité par L'echappée au sein de sa collection Action Graphique. Outre une introduction D'Allen Ginsberg (dont il a illustré le text Howl) et un texte de Mumia, ce livre inclut un long entretien qui dissèque remarquablement le travail de Drooker, à travers sa vie, ses influences et ses convictions. Il y parle de ses démèlées avec la justice, de sa participation à l'aventure World War 3 Illustrated avec Peter Kuper et Seth Tobocman, de son travail d'illustrateur pour divers journaux, dont le New Yorker, dont il signa la couverture du numéro précédent les attentats du 11 septembre, et parait depuis étrangement prémonitoire...
Il est rare de lire un ouvrage aussi passionnant sur un auteur, qui permette de pénétrer aussi profondément son oeuvre. On en sort avec l'envie de se replonger dans ses deux bandes dessinées que sont Flood! (dont un chapitre était repris dans le Comix 2000 de l'Association) et Blood Song, deux merveilles d'intelligence et de poésie, tous deux disponibles en chez Tanibis. Pour une fois, on peut préférer les éditions françaises, parce que ces récits étant muets, la traduction n'a que peu d'importance et il est nécessaire de soutenir les petites structures qui osent sortir des sentiers battus.
Golden Gated City, par Eric Drooker |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire